jeudi 3 juillet 2008

pluie, ross et blog

mardi 1 juilllet :

matin :



Quand je commence la rédaction des comptes-rendus de ma journée, il m'arrive de me dire "chouette ! ça va être rapide aujourd'hui, je n'ai pratiquement rien fait ou j'ai fait la même chose tout au long de la journée, ça va être un peu vide". Et puis au fils des lignes cela se remplit ! Je dois avoir l'art du remplissage ou comme disait mon ami Michel en 2005 :"c'est bien parler pour ne rien dire !" Moi j'écris pour le plaisir mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose.

Soyons donc bref ! Arrêtons là cette philosophie de comptoir et creusons. Car je casse et je creuse. Petite digression en créole. A Rodrigues on ne dit pas je vais "récolté" le café, mais "mo alle casse café" : on ne récolte pas on casse. Fin de la parenthèse que j'avais oublié d'ouvrir.


En partant Benoît avait dit, "on casse tout" mais je ne pense pas qu'il avait l'intention de récolter des cailloux qui poussent pourtant partout dans cette île. Oui, j'ai promis un topo sur les différentes sortes de ross à Rodrigues, j'ai pris des photos. Vous voyez que je pense à vous !


Revenons à nos moutons, même si à Rodrigues on les appelle des cabris ! Je n'avais pas l'intention de trop "casser" mais au fil des jours, à voir l'état de cette fameuse fontaine, je la dépiaute des ses atours usagés et elle va bientôt se trouver comme au premier jour. "Dans l'eau de la claire fontaine, elle se baignait toute …". Le long de l'ancien petit canal, j'ai préparé un bassin d'environ quatre mètres carrés (je vous fais grâce des pieds carrés, car ici on parle en pieds et en pouces) pour y mettre des poissons. Je ne devais faire qu'un petit passage pour que le canal communique avec le bassin et qu'on avait installé un projecteur au centre du dispositif. Il y a donc des fils électriques noyés dans les bordures en ciment.



(C'est le soir, il est 17 h27, le soleil est couché, comme je suis en train d'écrire ces mots en attendant quelqu'un qui viendra peut-être me voir pour discuter, la pluie "tropicale" se met à tomber. Vous ne l'entendez pas, moi je ne m'entends plus ni penser ni écrire et pourtant je continue. C'est une pluie drue qui résonne sur les tôles et dans mes oreilles. Moi je suis heureusement en dessous, dans ma chambre. Non je ne suis pas sous la varangue car en général on évite de mettre un ordinateur sous une varangue !). La pluie s'est un peu calmée, mais elle continue. En ce moment, l'île reverdit et elle en avait bien besoin. C'est étonnant la rapidité avec laquelle la terre se sèche et les plantes manquent d'eau. )


Je reviens donc à mon sujet, les pieds dans l'eau de la claire fontaine ! Je ne voulais donc pas trop casser cette bordure mais en enlevant les ross qui servent de décoration, je m'aperçois de la fragilité de certains points. C'est en forgeant que l'on devient forgeron ! Je n'avais fait que peu de ciment, à Rodrigues, avant cette période avec des ross. Je m'aperçois, à l'usage, que le ciment colle très bien sur certaines ross et que pour d'autres il s'enlève presque à la main. Cela ne tient pas me semble-t-il à la qualité du ciment qui est la même partout, mais au fait que selon la nature des roches et selon leur degré d'humidité et de chaleur au moment de la construction. Certaines ont pompé l'eau très rapidement qui a alors divorcé du ciment en le laissant à la porte, alors que pour d'autres roches plus humides, c'est le ciment qui a pénétré la roche parce que celle-ci était déjà "gorgée" d'eau. Le divorce s'est fait dans l'autre sens. Je crois que c'est quelque chose d'équivalent au système osmotique, … il va falloir que je creuse cette question aussi. Pour tout dire quand le ciment pénètre bien la ross, ça tient ! L'eau est par nature volage. "Ma petite est comme l'eau " oui mon cher Guy !

L'eau qui ne s'est pas encore arrêtée, se remet à tomber avec violence ! Je n'ai pas retenu l'expression créole pour le dire !

après-midi :


Un peu d'ordinateur, juste après le repas de midi, car personne à ce moment-là ne le revendique, puis je me mets à prendre les photos des différentes ross qui composent la fontaine. Pourquoi faut-il que quand je pense à vous, je pense caillou ? Ici d'ailleurs ce mot n'existe pas en créole on dit "ross, hibou, chou, genou" et tant pis pour la rime. Je me suis souvent fait moquer de moi dans mes débuts à Rodrigues quand je parlais des cailloux du chemin ! Y'a pas de caillou ici, y'a que des laross, des ti laross ou des gross laross mais pas de caillou ! Une chose que vous découvrirez en venant à Rodrigues, car bien sûr tous les chemins mènent à Rodrigues, c'est que le rodriguais est volontiers moqueur, il en a même fait un art culturel. (lien sirandanes)






Le soir j'emmène la guitare de Benoît et un livre de chant avec annotation des accords de guitare. J'avais pourtant l'intention, avant de me mettre à jouer, d'écrire le compte-rendu de cette journée. Si l'enfer est pavé de bonnes intentions selon le mot de Monsieur le curé, alors je suis un damné ! Je vous avais averti que parfois je sentais le soufre. Pourtant les fourmis n'aiment pas le soufre alors que sont-elles venues faire dans mon lit l'autre soir "j'avais bu un peu de vin, je vois … " Ce doit être des fourmis mutantes et masochistes.


(Ouaff !! la pluie cogne dur de nouveau …! "Elle fait beaucoup plus que des claquettes" mon vieux Nougaro) Je suis en train d'inventer le reportage littéraire en direct ! Vous n'avez qu'à être là pour le lire !

Enfin bref ! le soir je me couche mais ça vous l'aviez deviné, pas la peine donc que je le dise, n'est-ce pas mon cher Michel… "ça c'est ben causé pour ne rin dire"

Je vous quitte, à demain, la personne est arrivée.

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