jeudi 17 juillet :
Douillettement lové, au creux de mon oreiller rebondi, en goûtant voluptueusement les derniers nectars de la nuit, ça ne veut pas dire grand-chose mais ça fait sérieux dans un texte, je finis de dévorer le livre de Ben Gontran. Je suis, je reste et j'assume, un boulimique de la lecture. C'est terrible mais quand je commence un livre, je ne peux m'empêcher de le lire d'une traite. Ce n'est pas un commerce triangulaire, c'est un rapport névrotique au papier noirci par les caractères agencés harmonieusement depuis la géniale invention de Gutenberg. La culture c'est comme la confiture, ça colle à la figure (Yvon Etienne !) et moins il y en a et plus on l'étale ! Pensant alors et subitement que, mon ami Alex a passé la nuit à la Résidence Foulsafat – Vous verriez comme on y dort bien ! - je cours prendre mon petit déjeuner.
matin :
Jean-Pierre m'ayant rappelé hier après-midi, pour connaître l'objet de ma visite, il est convenu que ce matin je vais le voir. Il est "kot lacaze" et son chien est heureusement absent. Mais qu'est-ce que je lui ai fait à ce chien qu'il ne m'aime pas. D'habitude les chiens m'adorent, pas au point de me mordre cependant; et je leur rends bien. En arrivant devant l'escalier qui mène à son appartement, je ne peux qu'admirer le travail de son voisin, un pêcheur qui fabrique ses propres nasses avec de longs fils de fer qu'il torsade. Mon âme de bricoleur en est ébahi, ébaubi, ahuri, abruti, éberlué, épaté c'est tes patentes, troublé, pantois, décontenancé et déconcerté, estomaqué et matraqué, surpris, stupéfait et stupéfié, interloqué, émerveillé, sidéré, médusé, impressionné de façon impressionnante, fasciné. Bon ! Vous vous placez sur l'un des mots précédents, dans votre texte sous Word (non merci Bill, je ne cherche plus de sponsors !), vous appuyez simultanément et concomitamment, sur les deux touches en même temps, Merci Monsieur de la Palice ! Majuscule et F7 et vous obtenez la suite des synonymes que vous pouvez choisir ad libitum et à volonté ! Ad libitum, il faut bien avoir pitié des non latinistes, veut dire libidinalement jusqu'à plus soif ! …
après-midi :
Je téléphone aux amis du CRAC et, pedibus cum jambis, voir supra comme disent les mecs bien, je commence la montée vers Citronnelle. Je prends des photos, je m'assois sur un "gros laross" pour commencer à écrire le début d'un autre poème acrostiche sur Rodrigues, en créole cette fois-ci. Il ne faut jamais douter de ses capacités et de ses facultés mentales. Dans ma marche vers les sommets, j'aperçois quelqu'un situé encore plus haut que moi et qui me hèle en faisant de grands signes à l'entrée d'un champ de maïs. Je ne le reconnais pas et je lui fais d'autres grands signes des bras, cette langue montagnarde universelle, que je le rejoint en suivant le chemin qui fait un détour. En montagne la ligne droite est très rarement le chemin le plus aisé d'un point à un autre.
Après le tournant, je vois Rico, le chauffeur du Crac, qui m'attend au début de la route asphaltée. Le téléphone rodriguais marche bien ! Il me conduit chez Callaghan, un jeune professionnel, bien équipé, de matériel vidéo. Mirella, la secrétaire et Jean-Paul du Crac sont en train de faire un montage pour expliquer au responsable du Natresa comment l'ONG fonctionne. Le Natresa est l'organisme gouvernemental mauricien correspondant à l'OFDT (si je ne me mélange pas trop mes souvenirs !) dans la lutte contre l'alcoolisme, la drogue et tous les phénomènes addictifs. Je me suis déjà arrêté devant cette maison lorsque Benoît est venu y chercher, la copie d'un reportage sur DVD qu'il avait travaillé avec lui.
Puis Ricaud véhicule toute l'équipe vers le dispensaire de Saint Gabriel. Pratiquement rien n'a changé mais tout s'est amélioré. Jean-Paul me remet une plaquette qu'il vienne d'éditer sur le travail du CRAC au fil des ans. La première de couverture s'orne du logo que nous avions créé ensemble en 1999. Je trouve qu'il aurait besoin d'être repris pour l'améliorer en gardant l'esprit qui avait présidé à sa création collective.
J'éprouve un moment d'émotion lors de la découverte, dans la plaquette, du rappel du travail d'Annick Lavenant avec l'association CoopSanté. Il y a plusieurs pages et des photos d'Annick avec le rappel du travail de l'association. Je pense à ses enfants : Adolphe, Marie et les autres dont je n'ai pas les noms pour le moment. Je ne sais pas comment leur faire parvenir ce document. Je me souviens de la réaction d'Adolphe, qui, au décès de sa mère, avait découvert le travail qu'elle avait pu fournir pour l'île de Rodrigues.
Jean-Paul pense me demander quelques interventions pour des formations avec l'équipe du Paille en Queue et pour l'utilisation de l'informatique. Si je peux, je serai d'accord pour les faire. Je ne saurai décidément jamais dire non !
Nous partons pour le Paille en Queue, pour répondre au désir que j'ai exprimé d'aller voir l'équipe que je n'ai eu qu'au téléphone. On m'y propose un café. Au passage, dans une pièce, je reconnais le fauteuil qu'Annick utilisait ses derniers jours et qu'elle avait demandé de faire parvenir au centre du Paille en Queue. Il est là, en bon état de fonctionnement. Deux jeunes infirmiers sont là, dont Édouard, à qui j'ai téléphoné avant de venir. Puis Rico m'emmène juste à l'heure pour le rendez-vous avec Benoît qui arrive en moto, à Mont Lubin, juste après moi.
Il a été invité à une soi-disant réunion sur le E-commerce. En fait, il s'agit d'une publicité à la mode Tupperware (merci je ne recherche pas ce genre de sponsor !) pour un "comprimé" susceptible de booster les économies de carburant jusqu'à 14%, pour les moteurs neufs, et même plus pour les vieux moteurs nous dit-on. Le plus important, selon leur publicité, est qu'il ne pollue que très peu 74% de CO2 en moins, comparé aux carburants traditionnels. Il s'agit de statistiques américaines précisons-le. Il est bien connu qu'en France, le CO2, tout comme le nuage radioactif de Tchernobyl, est tout à fait respectueux de nos frontières et a le bon goût de ne pas franchir nos frontières pour venir polluer chez nous.
Quelques petites remarques viennent ternir l'enthousiasme exprimé par les deux conférenciers présents. D'une part, le premier conférencier confond trou dans la couche d'ozone et effet de serre par CO2. D'autre part, il donne une définition du catalyseur qui, selon lui, "accélère, booste" la réaction, alors que le rôle d'un catalyseur chimique est, me semble-t-il, seulement de permettre cette réaction sans y participer. Il donne aussi des chiffres étonnants (des gains X2 ou X3) pour les rendements de la "pilule", avec son propre véhicule en Afrique, alors que l'autre conférencier ne parlera que de 7 à 14%, reconnu, toujours selon eux, officiellement. L'autre conférencier va nous proposer aussi de créer chacun notre propre site Internet, fourni clef en main par cet ONG, dont on ne comprend pas très bien l'utilité. Il va tenter de nous expliquer comment nous allons gagner des millions de dollars avec l'effet de pyramide dans la recherche de nouveau client. C'est un système complexe de rémunération des achats obligatoires : est-il destiné à épater le futur vendeur potentiel ou à l'égarer pour qu'il ne puisse pas tout comprendre des arcanes de l'i-commerce dont nous n'entendrons pratiquement pas parler.
Benoît vient de faire réparer sa moto et ne veut pas prendre de risque avec et il doit se rendre à une autre réunion. Je me mets donc en route pour la descente vers Port-Mathurin et j'agite la main au passage des quelques voitures, de rodriguais qui rentrent chez eux. Je n'ai pas fait 200 mètres qu'une voiture, qui, exceptionnellement, n'est pas un 4X4, s'arrête pour me prendre. Le conducteur est sans doute un employé de l'administration et nous commençons à discuter.
Je lui dis surtout qui je suis, comment je connais Rodrigues et que j'habite chez Benoît. Cette information, ici, à pratiquement toujours un effet magique. Arrivé à Port Mathurin, au lieu de me déposer et de tourner à gauche vers Baie aux Huîtres où il habite, il prend vers la droite et me conduit jusqu'à la porte de la Résidence Foulsafat qu'il connaît bien. C'est cela la sympathie à Rodrigues ! Depuis la fin de la réunion, je n'ai pas mis un quart d'heure pour faire les quelques dix kilomètres de distance à parcourir.
vendredi 25 juillet 2008
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