jeudi matin 12 juin
Dès "matin, grand matin" selon l'expression rodriguaise, nous partons à 3 versVainqueur pour la cueillette du café. Vainqueur, est situé dans une des nombreuses vallées de Rodrigues. Pour y parvenir, après avoir garé le 4X4, quand nous ne pouvons aller plus loin avec lui, il faut prendre un petit chemin qui serpente le long de la colline puis s'enfonce résolument, comme nos chemins "creux" français, sous les frondaisons de la forêt. Avant d'arriver à la plantation, j'aide Fred à réinstaller le portail et le grillage de la clôture qui se sont cassés. Fred a déjà cimenté dans la roche un autre pieux en fer. Nous rejoignons très vite Benoît qui a commencé la cueillette. C'est un lieu magique où les parents Jolicœur ont vécu dans "so lacaze" en y élevant leurs 7 enfants.
De lacaze, il ne reste plus que quelques moellons qui ont servi aux bases de la construction. Les anciennes constructions rodriguaises qui se situaient au fond des vallées, plus abritées des cyclones mais aussi moins exposés au bienfait du soleil, ont, progressivement grimpé les collines pour, maintenant, se dresser parfois fièrement au sommet des collines et des falaises face à l'océan.
Benoît a transformé ce lieu en un "jardin tropical" où il réintroduit progressivement toutes les plantes endémiques de son île. Ce matin, c'est surtout les 60 "pié café" qui nous préoccupent. C'est la pleine récolte. Il faudra cependant revenir car tous les grains ne sont pas encore suffisamment mûrs.
Au retour, Benoît à une course à faire à Port Mathurin.
Nous nous arrêtons à la gare routière. Le pont en ciment a été démoli, parce que jugé dangereux. Il devrait être reconstruit. Maintenant, il faut passer par une passerelle un peu branlante, faite de tubes en fer et de plaques qui enjambent, on ne sait par quel miracle, le bras de mer ou le petit estuaire de la rivière qui sépare la gare routière du reste de la ville. Là, juste à l'entrée de la capitale de l'île, s'est développé un nouveau marché qui m'apparaît spontané et qui est, de fait, permanent. Les boutiques sont des "constructions" typiquement rodriguaises, en perches, en feuille de palmier et en tôles. Il y a de la vie, de l'animation et du commerce. La première boutique que je remarque c'est le marchand de "dall puree" – prononcez "dol pouri" – une merveille. C'est un plat apporté de l'Inde et arrivé à Rodrigues via les résidents mauriciens. C'est le premier commerce permanent que je vois de ces galettes, les autres vendeurs parcourent l'île avec leur vélo, leur chariot ou leur brouette. Tous les ingrédients sont réunis dans une petite caisse en bois : les galettes, la purée de pois cassé, les différentes sauces et l'assaisonnement de piment. Je ne peux résister au plaisir. Je les prends pimentées, Benoît choisit un autre assaisonnement.
En retournant vers la voiture nous croisons Jean B. sur le pont. C'est un commerçant de Petit Gabriel dont la boutique en tôle avait été démolie lors d'un cyclone. Lorsque je l'avais revu avec Rosaire Perrine en 2005, sa boutique avait été reconstruite en ciment et il commençait à commercer à la gare routière. Aujourd'hui, il n'a pas le moral et il nous apprend que sa femme vient d'être hospitalisée. Lui est cuisinier de profession et sa femme tressait les "tantes", les sacs, les chapeaux… enfin tout ce qui peut se faire avec les produits locaux et en particulier avec les lanières de vacoas. Sur le chemin du retour, le passager d'une moto qui nous croise, me fera de grands signes de la main. Je reconnaîtrai Jean-Paul Samoisy, Aurélio ! Je l'avais averti de ma venue.
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