écrit le jeudi 14 août
Pour ceux qui seraient de croire que je suis seulement capable de bricoler en me brûlant le bout des doigts dans le jus du ciment, lequel jus est loin de valoir le jus de la treille, voici mon programme de cette journée.
matin
Lever 4 heures du matin
Je pense à vous en écrivant mon blog, avec d'autant plus d'intérêt que j'ai la bonne surprise d'un commentaire venu d'Amérique. Je prends mon petit déjeuner vers les 7 heures, alors que tous les autres sont déjà partis. Tous les autres désignent Marsel et Danièle. Marsel est un ami qui cumule les qualités de petit industriel mauricien dans la climatisation, de poète ayant écrit des chansons en créole, d'écrivain ayant fait paraître trois ouvrages en créole : l'un sur Ti Frèr le créateur du séga mauricien, l'autre sur les fables de la Fontaine, illustré par Danièle, et le dernier sur les histoires de Fanfan un vieux conteur créole. A l'occasion, Marsel a aussi lancé une école de musique "Mo' zart" dans un quartier populaire de la capitale mauricienne Port-Louis et fait du "travail social". Il a aussi été directeur de la MAZA mauricienne qui correspond, toute proportion gardée, à notre SACEM.
En ce moment, Marsel organise une première exposition de ses photos à Port Mathurin. Pris dans mon béton, je n'ai guère eu le temps de l'aider à coller ses photos ou à les installer ce matin. Le thème de son exposition est "la ri rodrig" : entendez "les rodriguais dans la rue".
Quant à Danièle, elle est peintre, très connue à Maurice, puisque même notre président s'est vu offrir l'un de ses tableaux lors de la visite récente du président mauricien à Paris. C'est elle aussi qui a illustré les dix fables de la Fontaine, traduite en créole par un auteur français au temps de la colonisation et sélectionnée et rajeunie par Marsel : un petit bijou.
10 heures :
Nous partons en catastrophe, avec retard, Fred, Linda, Antoinette et Evelyne pour la cérémonie de début d'ouverture de l'exposition. Nous devons apporter une chemise propre à Marsel mais quand nous arrivons la cérémonie est déjà commencée. Marsel souligne que c'est la Résidence Foulsafat qui soutient cette initiative. Les discours officiels sont suivis par un petit concert de musique traditionnelle rodriguaise : deux séga tambours encadrent l'accordéon diatonique pendant que les percussions et le triangle rythment le tout. C'est l'occasion de retrouver les personnes que je connais à Rodrigues en partageant un petit buffet offert.
Mais très rapidement, pour profiter d'un véhicule, je repars vers Jean Tac où je me replonge dans le ciment et l'étanchéification de la fontaine. Les tuyaux sont passés à travers les trous du béton, mais je dois maintenant boucher les anciens tuyaux qui fuient et empêcher les nouveaux tuyaux de fuir à leur tour.
après-midi
Avec une famille de Carquefou, venue à Rodrigues pour l'ordination de Jean Alex, nous allons faire un baptême de plongée sous-marine. C'est Richard Payendee d'éco-evasion qui nous guide dans cette initiation.
Ce sont les deux enfants qui plongent avec moi et nous sommes accompagnés de deux moniteurs. Autant dire que c'est une heure formidable. Cette initiation ne consiste pas dans un apprentissage fastidieux du matériel de plongée dans une eau chlorée de piscine mais dans un bain direct et dans le plein océan au-delà du récif corallien de Rodrigues. Le but c'est de voir et d'apprécier les merveilles de la faune et de la flore sous-marine de l'île.
Le temps d'arrivée sur les lieux, Richard nous initie aux règles essentiels d'utilisation du matériel et aux règles de sécurité. Puis, c'est la grande plongée dans l'océan, bouteille au dos, à la renverse. Quelques minutes de barbotage, de gestes un peu incoordonnés et de dérive sur la droite car ma bouteille est mal calée et me voilà parti avec mon guide. Mon gros problème ce sont les oreilles qui me font mal du fait de la compression. Pas d'affolement, serrez le nez à travers le masque et soufflez, recommencez et soufflez encore en faisant le signe au moniteur que tout va bien : main ouverte et pouce et index joint dans un O parfait. Ne faites pas le signe du poing fermé et du pouce tendu vers le haut ! Cela ne veut pas dire "super" mais "je remonte". Ce signe du "tout va bien ?", le moniteur le refera très souvent, nous sommes avertis : c'est la sécurité avant tout.
C'est la découverte de fonds marins riches en poissons colorés, en coraux de toutes sortes et en reliefs tourmentés. L'eau a été très brassée ces dernières semaines à cause des vents très forts, mais la visibilité est très bonne même si, de loin, il me faut parfois du temps pour distinguer l'autre groupe qui nage plus près de la surface que je ne le fais. Marc le plus jeune des plongeurs a du mal à descendre en profondeur. Ne pas aller trop vite mais regarder, admirer, contempler, prendre le temps d'apprécier. C'est un festival de couleur, un tableau de maître en perpétuel mouvement. La nature est magnifique.
De gros poissons perroquets se promènent autour de moi et vont se nourrir sur les coraux vivants de toutes les couleurs. Gros poisson maladroit parmi les poissons, je ne les perturbe pas, je m'approche même d'un beau perroquet et je tends la main vers lui, il ne bouge pas. Je touche ou je ne touche pas ? Respect de l'intimité ou crainte ? J'ébauche le geste mais je ne perturbe pas l'animal. Je sais que ce poisson se mange mais je ne le vois pas dans mon assiette, je le regarde vivre tout simplement. Néophyte en la matière, une chose me surprend, c'est la quantité de déjections que peuvent émettre certains poissons. Un mince filet blanchâtre s'échappe régulièrement de leur anus pour se dissoudre dans le liquide marin : je nage, avec délectation, aux milieux des déjections marines ! Plusieurs fois, mon moniteur va me signaler le passage de grands bancs de poissons qui, eux, n'acceptent pas de se laisser approcher.
Les fonds calcaires sont très déchiquetés et les petites falaises recèlent une énorme quantité de petites cavités dans lesquelles vont se loger toutes sortes d'animaux. En plusieurs occasions, je crains de râper le fond : ce n'est pas mon style de musique, comme les fonds marins, le rapp gratte désagréablement. Aux jonctions entre deux canaux plus profonds le courant est très fort et, comme les poissons, je dois lutter pour me maintenir dans la direction que je choisis de prendre.
Je n'ai l'impression de n'être dans l'eau que depuis 10 minutes, quand le moniteur donne le signal de remontée. Nous avons fait une petite randonnée sous-marine d'une demie-heure sans avoir vu passer l'heure. Une fois remonté dans le bateau, j'ai froid malgré la combinaison, nous sommes toujours en hiver ici et le fond de l'océan me semble plus chaud que l'air ambiant.
Revenu à Jean Tac, je me remets à la fontaine : c'est un travail en pointillé que je vais y faire aujourd'hui, mais cela permet aussi à la pâte, à la filasse et au ciment de commencer à prendre avant de passer à la phase suivante. Pendant ce temps, Evelyne va rassembler le livret pour la messe de l'ordination d'Alex.
Marsel et Danièle, reviennent de Port Mathurin : ils sont enchantés du début de l'exposition photos. Marsel surtout a eu à répondre et à accueillir les rodriguais que son objectif avait saisi dans la rue.
1 commentaire:
Mon cher Marcello Populo, la description de ta plongée me rappelle celles que j'ai pu effectuer dans le lagon de la barrière de corail du côté de l'île des Pins... C'est vrai que les couleurs sont magnifiques, et que l'on ne se rend pas compte du temps qui passe...
J'espère, te connaissant, que le retard, pour amener la chemise à l'inauguration, n'est pas du à ton bricolage... Bonne continuatiuon à vous.
Enregistrer un commentaire