vendredi 29 août 2008

Emploi du temps, projet psycho et cinquantenaires de mariage

mercredi 27 août 2008:
Rédigé le samedi 30 août
petite introduction
Pour ceux qui seraient tentés de croire que je passe mon temps pencher sur le jardin de la fontaine, voici rapidement mon emploi du temps de la semaine en cours.

Lundi : 
toute la journée je suis avec Marsel à marcher entre Jean Tac et Baie du Nord. Nous n'atteindrons jamais de cette façon l'îlot Cocos, terre promise par un prophète incompétent !

Mardi : 
je vais avec Fred chercher les sacs de ciment et de nourriture pour animaux. Puis, l'après-midi, nous finissons le track road.

Mercredi : 
le matin je vais à camp du Roi, au centre Frère Rémi, pour des entretiens avec trois jeunes. Je discute avec Verlaine, la directrice, d'un projet de formation pour des personnes ayant déjà une expérience professionnelle dans le domaine éducatif, social ou sanitaire ; il s'agirait d'une formation à l'écoute individuelle et au soutien psychologique sur deux années. Le financement peut sans doute être demandé aux fonds européens. À travailler.
Au retour à pied, dans Port Mathurin, j'entends une voix m'appeler. Non, ce ne sont pas des hallucinations, c'est Alex qui vient de déménager là, dans l'une des maisonnettes du centre Carrefour. Évelyne est là aussi et me demande si j'ai apporté mon caméscope. Je transfère donc ce que je filmé de la fête de l'ordination sur l'ordinateur d'Alex. Je rentre à pied à Jean Tac car je fais le trajet toujours plus vite que le bus.
En début d'après-midi, Fred m'appelle pour me montrer, au-delà de la barrière des récifs, les remous dans la mer : c'est la danses des baleines qui sont maintenant de passage au large de Rodrigues. Depuis plusieurs années, elles sont de retour et fidèles au rendez-vous. Je vais pour chercher Evelyne, mais elle dort dans la chambre, malade avec de la fièvre.
L'après-midi, c'est la fête du cinquantenaire de mariage des parents de Benoît que je raconte à la suite.

Jeudi :
enfin je peux me remettre à travailler à la fontaine. Je vais aussi trop rapidement, dire au revoir à un ami qui quitte Rodrigues.

Vendredi :
je vais beaucoup progresser dans la fontaine car je peux enfin y travailler toute la journée. Encore une ou deux journées comme celle-là et cette "fameuse" fontaine est finie.
Samedi : je commence par accompagner Benoît et Evelyne au marché de Port Mathurin, puis c'est un entretien de soutien psychologique avec une personne, ensuite avec Marsel nous travaillons sur la façon de construire un blog. Je prends quelques minutes pour nettoyer la fontaine et il me faut manger en bas pied avant que le transport ne vienne me chercher pour aller à Mont Lubin au centre d'alcoologie du Paille en Queue afin d'y animer une formation sur les thérapies pour les alcooliques.

journée du mercredi 27

matin :


Camp du Roi

Ce matin je vais au centre Frère Rémi, pour des entretiens avec trois jeunes. Un fait m'étonne : deux jeunes viennent me voir en me disant qu'ils n'avaient pas envie de venir mais que la miss, entendez Verlaine, la directrice, leur a dit de venir. Ces deux entretiens sont donc brefs. Celui avec une jeune fille sera plus long. Elle souhaite ces entretiens et je lui a proposé de faire un bilan avec elle pour voir "comment fonctionne son intelligence". En fait je vais faire un examen rapide de ces acquisitions scolaires dans les matières essentielles : la lecture, l'écriture, le calcul et ses capacités de mémorisation d'un dessin abstrait. J'en arrive à la conclusion que c'est une jeune qui a une intelligence normale mais avec un énorme déficit scolaire : elle est donc susceptible de pouvoir encore se perfectionner. Vraisemblablement, elle aurait eu une aide individualisée au moment où elle s'est trouvée affrontée à ses difficultés scolaires elle n'aurait peut-être pas décroché de l'apprentissage scolaire.
Quand je demanderai à Verlaine ce qu'elle a dit aux jeunes, elle me répond qu'elle leur a seulement demandé s'ils voulaient continuer à venir me voir. L'interrogation a eu valeur d'ordre pour ces deux jeunes.

Projet de formation à la psychologie :

Je discute alors avec Verlaine, la directrice, d'un projet que j'ai déjà formulé à Benoît. Le manque de psychologue est évident dans cette île. Ce n'est pas ma présence ni la présence aléatoire et épisodique d'un psychologue "du gouvernement", une fois tous les trois mois, qui peut répondre aux besoins que l'on m'a formulé, à ceux que je peux comprendre et aux quelques demandes spécifiques que l'on m'a faite. Il faut plus, en proposant une formation sur place, ici dans Rodrigues.
Globalement ce projet de formation serait destiné à des personnes ayant déjà une expérience professionnelle dans le domaine éducatif, social ou sanitaire. Ce serait une formation à l'écoute individuelle et au soutien psychologique sur deux années. Ce projet devrait être porté par différentes structures, ONG, établissements scolaire, éducatif et rééducatif et les mouvements religieux qui ont ici une place importante dans l'identité rodriguaise . Son financement pourrait sans doute être demandé au Fonds Européens de Développement, dans le cadre de son appui aux Micro Projets pour l'Allégement de la Pauvreté. "Qu'en termes galants ces choses-là sont dites !". Ce projet est à travailler en commençant par réunir les "forces vives" qui pourraient le soutenir.
Je reviens à pied et quand je passe dans une rue de Port Mathurin, j'entends une voix m'appeler. Non, ce ne sont pas des hallucinations, c'est Alex qui vient de déménager là, dans l'une des maisonnettes du centre Carrefour. Évelyne est là aussi et me demande si j'ai apporté mon caméscope. Je transfère donc ce que je filmé de la fête de l'ordination sur l'ordinateur d'Alex.

après-midi :

Passage des baleines

.Après le repas, Fred m'appelle pour me montrer, au-delà de la barrière des récifs, les remous dans la mer : c'est la danse des baleines qui sont maintenant de passage au large de Rodrigues. Depuis quelques années, elles sont de retour et fidèles au rendez-vous. Le spectacle est très lointain mais de temps en temps assez distinctement on peut apercevoir le corps et les nageoires d'un énorme poisson qui sort de l'eau.

fête du cinquantenaire

C'est le cinquantenaire du mariage d'Augustin et d'Irène les parents de Benoît et de six autres enfants. Comme très souvent à Rodrigues cela commence par une cérémonie religieuse, d'autant plus qu'un second couple fête le même cinquantenaire et qu'un autre couple plus jeune celui-là, se marie. Je filme la cérémonie ce qui m'amène à vraiment regretter mon ancien caméscope. Alors que j'ai encore de la place pour filmer, la batterie est épuisée et je n'ai pas pensé à apporter le chargeur, car mon autre caméscope avait beaucoup plus d'autonomie. Il faudra que je m'y habitue.
La fête se continue pour tous les membres de la famille Jolicœur à Brûlé dans la maison des parents Jolicœur. Une grande "salle verte" a été aménagée les jours précédents. Des gros bambous partent du sommet de lacaze et couvrent toute la cour cimentée en soutenant une grande bâche. La pluie peut tomber ou le soleil cogner fort, tou dimoun est à l'abri.
La famille et les invités sont invités à s'asseoir autour des tables et les premiers gadjacks arrivent déjà servis par les enfants, beaux frères et belles sœurs. Les gadjacks sont des petits morceaux de viande, de poulets ou de poisson, souvent frits qui peuvent se manger n'importe quand durant la journée pour accompagner un verre de rhum ou une autre boisson. Entre autres ce soir il y a du "cosson" au riz rouge : ce sont des petits morceaux de porc cuits avec quelques grains d'un riz spécial qui colore la viande en rouge clair. Puis, c'est le plat principal, une assiette de riz cuit avec plusieurs ingrédients dont l'un donne son nom à ce plat. Sur la table il y a un nombre important de boisson différente : rhum, whisky, coca-cola, Sprite, jus de fruit et exceptionnellement ce soir du vin.

Une sono a été installée et elle diffuse en permanence séga, chansons en français, en anglais mais surtout en créole. Avant le dessert, les tables sont écartées sur les bords et les couples se mettent à danser. Comme toujours ce sont les danses de Rodrigues qui rencontrent le plus de succès. Ces danses sont nées de deux influences : il y a les danses dont l'origine est française et en particulier bretonne. Certains airs sont identiques à nos airs bretons : scotiss, mazork, polka bébé ou autres polkas. Les danses qui obtiennent le plus de succès sont les danses au séga tambour directement originaires d'Afrique ou de Madagascar. L'énergie déployée pour les danser doit suffire à éliminer à elles seules tous les petits excès faits, comme partout dans le monde, durant ces repas de fête.
Le calme revient pour la "cérémonie" du gâteau. Une grande pièce montée est à la table des "mariés" cinquantenaires. Toute l'assistance se regroupe autour. Cela commence par la distribution d'un verre de jus de fruit pétillant que l'on nomme "champagne" et cela se continue par le plantage d'un grand couteau enrubanné dans le gâteau par les "mariés", sous les flashes des appareils photos et les applaudissements. Avec plus ou moins de solennité, les anniversaires se déroulent de cette façon.
Les danses vont se continuer tard dans la nuit. Pendant ce temps-là Évelyne se tient à l'écart, dans un fauteuil dans lacaze car la fièvre et la maladie l'empêche de profiter de la fête où elle a tenu à venir malgré tout.

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