dimanche 27 juillet 2008 :
Papaye et arbre à pains
Rédigé le samedi 2 août ...
je sais j'ai du retard que je n'arrive pas à rattraper !
je sais j'ai du retard que je n'arrive pas à rattraper !
matin :
Mais bon sang, bien sûr, c'est vrai que j'ai des galettes bretonnes à préparer pour l'entrée du repas de midi ! Jean-Marc, le touriste en vacances, prépare un ragoût de mouton et a déjà prévu, depuis plusieurs jours, tous ses ingrédients. Benoît et Antoinette sont partis à une réunion ce matin, ils reviennent à 11 heures 30 et Benoît doit repartir pour une autre réunion à 13 heure 30. C'est donc à nous qu'incombe de préparer un repas à la française auquel nous invitons la famille Jolicœur sous sa propre varangue.
Moi je n'ai rien prévu et il faut que j'improvise. Ce qui me pose problème est surtout la garniture des galettes. Je fais un inventaire : comme il est prévu depuis plusieurs jours que c'est Jean-Marc et moi qui faisons la cuisine ce midi, Benoît n'a fait aucune course ce matin. Je trouve cependant une boite de tomate entière que je vais pouvoir utiliser. J'ouvre le sac de farine de blé noir, acheté depuis longtemps à la Réunion et conservé simplement sur une étagère. Je vérifie, la farine me semble bonne, et je commence à faire un premier mélange avec l'eau. Sans vérifier cette fois, je verse sur ce mélange une seconde ration de farine et je commence à touiller. À ce moment précis, c'est l'horreur car, la farine se crible de petits points noirs qui s'agitent tout seuls. Les charançons se sont invités, bien avant moi, à la dégustation de blé noir. J'ai déjà vu Antoinette tamiser systématiquement sa farine, mais je n'ai pas ce réflexe : "chez nous", les charançons n'ont pas la même voracité que ceux des tropiques. Je regarde le sac, il est même percé de quelques petits trous minuscules que ces sales bêtes ont dû faire pour s'aérer et se multiplier.
J'essaie, avec une spatule, d'enlever ces pique-assiette indésirables. Au bout de quelques minutes de ce travail d'épuration ethnique et écologique, je déclare forfait. J'ai l'impression qu'ils ont réinventé la loi de la génération spontanée que Pasteur avait pourtant rayée de la carte de nos représentations mentales. Solution finale : je jette le tout et je recommence mais cette fois-ci en tamisant la farine. Ce qui est bon pour ces petites bêtes, l'est toujours pour nous, une fois les dites "petites bêtes" éradiquées. Je laisse ma pâte à reposer et je profite de la voiture de Claude pour aller chez Mirella : c'est un quart d'heure de marche à pied de gagné. Avec les quelques roupies qui me restent j'achète quelques oignons et un morceau congelé de viande de veau que je veux utiliser pour faire une garniture en faisant frire de petits morceaux. Là, j'ai un petit problème, il me manque 10 roupies. C'est le mari de Mirella qui me sert. Le morceau de viande ne pouvant être coupé, je lui demande d'enlever quelques oignons, mais, sans le faire il me donne le tout en me disant simplement que je dois 10 Roupies soit 0,025 Euros. La confiance dans l'honnêteté des clients règne à Rodrigues. Je paierai une prochaine fois ! C'est à pied et le plus rapidement possible que je reviens à Jean Tac pour continuer ma cuisine. Moi qui ne le faisais plus depuis plusieurs semaines, je suis constamment à regarder ma montre pour vérifier si je peux avoir fini dans les temps.
Je commence par faire revenir mes oignons dans l'huile et le beurre. Bien les faire saisir à feu vif, puis les laisser doucement devenir presque transparents, puis ensuite revêtir une légère teinte d'un brun doré et appétissant. Hum ! Ensuite, ce sont les tomates que je fais revenir dans la même poêle pendant que Jean-Marc de temps en temps vient vérifier la cuisson de son ragoût qu'il a, lui, commencé à faire depuis hier soir ! Certains sont prévoyants et organisés en matière de cuisson : Jean-Marc fait partie de ce club. Moi, c'est pour la fontaine que je m'organise et de toute façon, je cuisine beaucoup à l'instinct, d'aucuns vous diront que je fais même partie du club des "bordéliques inspirés". J'assume ! La cuisinière est dans un coin de la cuisine ce qui ne facilite pas les croisements de cuisiniers ! Mais pas de dépassement ni d'empiètement de territoire, chacun respecte le travail de l'autre. Je suis toujours dans les temps. En final de préparation de la garniture, je mets à revenir des petits morceaux de viande dans la même poêle. Ceux-ci prennent alors le goût des tomates et des oignons que j'ai fait cuire juste avant ! Non ! Je ne suis pas organisé !
Les différentes garnitures prêtes, je me mets à faire cuire les galettes. "Les ratées c'est pour le chien" dit-on chez nous. Tant pis pour le chien, c'est moi qui les mange, aidé de David ou de Bertrand, qui eux se contentent de goûter la galette avec un peu de la garniture. J'entends le 4X4 de Benoît pénétré dans la cour, quand je mets la dernière galette à cuire. Tout est donc prêt dans les temps pour le repas et tout le monde va vouloir des galettes complètes, c'est-à-dire œuf entier cuit sur la galette, oignons, tomates et petits morceaux de viande frit !
après-midi :
Au repas du soir, nous entendons tout à coup les hauts parleurs diffusés la chanson "Joyeux anniversaire". Tout le monde se regarde surpris. Une partie des lumières s'éteint et David arrive avec un gros gâteau, surmonté d'une bougie, pour le placer devant Benoît qui avait compris mais ne manifestait rien.
Après avoir bu le traditionnel verre de jus de pomme pétillant et mangé le gâteau, Benoît va chercher sa guitare. Cela fait longtemps qu'il ne s'est pas entraîné mais les chansons s'ajoutent aux chansons et nous parcourons le répertoire rodriguais, créole et français.
1 commentaire:
Après Marcello Populo, nous avons droit à... Maïté ! Qu'elle magnifique recette. Merci d'être parti si loin pour nous expliquer comment préparer, puis cuisiner une galette... Bretonne.
Je retiens une formule : "bordélique inspiré". Bordélique, c'est une évidence connue dans la famille (voir dans le monde entier). Inspiré : faudrait voir à voir... Bonne continuation et à bientôt.
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