jeudi 3 juillet :
matin :
Ce matin je regarde mes courriels et je me prépare pour aller travailler à la fontaine quand Antoinette me dit que Fred va faire la cueillette du café. Si je veux aller avec lui... Je vais aussitôt le voir. Il fait la vaisselle des grosses gamelles dans l'arrière cuisine située dans le garage. Il me répond d'un air embêté qu'il n'a pas la voiture pour y aller. Est-ce que cela veut dire qu'il n'y va pas à cause de cela ou qu'il pense y aller seul parce qu'il va en moto ? Il me demande alors si j'ai déjà fait de la moto ? Je lui réponds que j'en ai déjà fait avec Benoît. "Tu n'as pas peur ?" Un peu provocateur, je réponds comme souvent que je n'ai peur de rien, et j'ajoute parfois "sauf de moi-même !" –"Bon je finis la vaisselle et on y va !" De mon côté, je vais enfiler un jean car je ne suis qu'en short et je préfère prendre des précautions pour aller sur la moto et dans la montagne.
En effet, j'ai pris l'habitude en suivant le rythme de vie des moustiques de me mettre en short le matin. Je travaille même maintenant torse nu, en m'exposant au soleil par petites doses progressivement allongées. Je ne mets pas de pommade non plus. Ce n'est qu'en milieu d'après-midi, quand les moustiques commencent à se réveiller et à se fournir au garde-manger que je représente pour elle que je mets en place mes protections. Je prends un jeans le plus long possible, de toute façon, je n'en ai qu'un pour travailler et il commence à tenir debout tout seul ; il a pourtant encore besoin de moi pour se mettre à marcher. Trois pulvérisations successives "d'Insect Ecran", (je recherche toujours sponsor!) au creux de mes paumes calleuses et je me frotte les coups de pied et les chevilles que ces sales bêtes affectionnent particulièrement et toutes les parties découvertes. Est-ce efficace ? C'est l'oubli, le manque et l'éloignement de ces précautions qui me permettent de dire que "oui !". C'est alors une série de piqûres assurées spécialement aux coups de pied et aux chevilles. Est-ce l'odeur de mes Birkenstoc (avis aux sponsors !) qui les attire ? Rien n'est moins sûr puisque quand je marche pieds nus, elles sont encore plus acharnées.
Nous voilà donc partis sur la moto. Il existe une façon de faire à Rodrigues fort économique qui est de couper le moteur de l'engin lorsque ça descend. Fred pilote donc en roue libre sur le chemin caillouteux qui mène à la route vers Grand Baie que nous allons trouver 300 mètres plus bas. Jusqu'ici la route passait par le centre de l'île : il fallait donc d'abord monter vers le Mont Lubin, une route sinueuse et en pente perpétuellement raide. Puis il fallait ensuite redescendre vers Vainqueur. Maintenant, par cette nouvelle route en cours de construction, cela fait gagner la moitié du temps.
matin :
Ce matin je regarde mes courriels et je me prépare pour aller travailler à la fontaine quand Antoinette me dit que Fred va faire la cueillette du café. Si je veux aller avec lui... Je vais aussitôt le voir. Il fait la vaisselle des grosses gamelles dans l'arrière cuisine située dans le garage. Il me répond d'un air embêté qu'il n'a pas la voiture pour y aller. Est-ce que cela veut dire qu'il n'y va pas à cause de cela ou qu'il pense y aller seul parce qu'il va en moto ? Il me demande alors si j'ai déjà fait de la moto ? Je lui réponds que j'en ai déjà fait avec Benoît. "Tu n'as pas peur ?" Un peu provocateur, je réponds comme souvent que je n'ai peur de rien, et j'ajoute parfois "sauf de moi-même !" –"Bon je finis la vaisselle et on y va !" De mon côté, je vais enfiler un jean car je ne suis qu'en short et je préfère prendre des précautions pour aller sur la moto et dans la montagne.
En effet, j'ai pris l'habitude en suivant le rythme de vie des moustiques de me mettre en short le matin. Je travaille même maintenant torse nu, en m'exposant au soleil par petites doses progressivement allongées. Je ne mets pas de pommade non plus. Ce n'est qu'en milieu d'après-midi, quand les moustiques commencent à se réveiller et à se fournir au garde-manger que je représente pour elle que je mets en place mes protections. Je prends un jeans le plus long possible, de toute façon, je n'en ai qu'un pour travailler et il commence à tenir debout tout seul ; il a pourtant encore besoin de moi pour se mettre à marcher. Trois pulvérisations successives "d'Insect Ecran", (je recherche toujours sponsor!) au creux de mes paumes calleuses et je me frotte les coups de pied et les chevilles que ces sales bêtes affectionnent particulièrement et toutes les parties découvertes. Est-ce efficace ? C'est l'oubli, le manque et l'éloignement de ces précautions qui me permettent de dire que "oui !". C'est alors une série de piqûres assurées spécialement aux coups de pied et aux chevilles. Est-ce l'odeur de mes Birkenstoc (avis aux sponsors !) qui les attire ? Rien n'est moins sûr puisque quand je marche pieds nus, elles sont encore plus acharnées.
Nous voilà donc partis sur la moto. Il existe une façon de faire à Rodrigues fort économique qui est de couper le moteur de l'engin lorsque ça descend. Fred pilote donc en roue libre sur le chemin caillouteux qui mène à la route vers Grand Baie que nous allons trouver 300 mètres plus bas. Jusqu'ici la route passait par le centre de l'île : il fallait donc d'abord monter vers le Mont Lubin, une route sinueuse et en pente perpétuellement raide. Puis il fallait ensuite redescendre vers Vainqueur. Maintenant, par cette nouvelle route en cours de construction, cela fait gagner la moitié du temps.
Fred, qui n'est pas encore passé par cette route, s'inquiète de savoir si nous pourrons passer avec la moto, surtout à cause des fortes pluies de cette nuit. La quasi-totalité du travail est arrivé à Grand Baie où un camion nous bloque la route. Nous attendons. Personne ne semble faire attention à nous. Fred se décide à tenter le passage entre le pare choc du camion et un muret : c'est étroit, mais nous passons. Ensuite c'est la montée. Fred slalome entre les flaques d'eau et avec dextérité évite les pièges de la boue. Au début de la montée, par deux ou trois fois, les roues glissent dans la boue faite par les ornières des camions, nous ne mettons pas pied à terre et par la suite, le chemin est meilleur et dégagé complètement des camions et des travailleurs. À droite, la montagne saigne ses éboulis de roches, à gauche, la mer caresse les rochers qui s'éloigne de nous à mesure que nous grimpons. En chemin, deux ou trois bonjours des personnes qui descendent et qui parlent à Fred qui répond tout en continuant à mener sa moto. Presque au sommet de l'un des virages, nous nous arrêtons pour discuter avec quelqu'un, puis Fred repart, l'autre continue à parler et Fred se retourne pour lui répondre : sur le chemin, la boue et les rochers, tout en bas la falaise et la mer. Quelques virages, quelques descentes et quelques montées, à flanc de montagne, face au lagon et à la mer, sous le soleil, quelques trois kilomètres sont ainsi en cours de construction. C'est une forme de tourisme que ne peuvent pas connaître ceux qui logent à l'hôtel quelque soit le nombre des étoiles.
À Baladirou, rien que le nom mérite un poème à lui tout seul, c'est la vraie route. Le paysage est malheureusement enlaidi par un promoteur qui a construit là quelques moches cubes de béton qu'il pense pouvoir louer en guise d'habitation ; tout cela dressé au sommet de la falaise, face au lagon et à la mer, exposé aux alizés et sans aucune végétation. Nous grimpons. La route me semble plus longue qu'en voiture. Est-ce parce que, sur le chemin que nous venons de faire, l'attention est de tous les instants. À Dans Bébé, le chemin est maintenant connu pour descendre vers le jardin de Gustave, le père de Fred et d'Antoinette. Fred me dit de faire attention car cela glisse, je n'ai pas le temps de lui dire que je suis déjà venu plusieurs fois avec Benoît que je me retrouve sur mon postérieur, aussitôt debout et sans dommage. Ce sera ma seule chute ; le sol est plus glissant à cause des pluies nocturnes de ces derniers jours. Pourtant il n'a pas plu cette nuit ici, nous disent le père et la mère de Fred quand nous passons dans leur "carreau zaricot".
À Vainqueur, il me semble qu'il reste moins de café que lorsque nous sommes partis la dernière fois. Il y a eu du vent et les rats, sur le sol viennent manger les écorces des grains de café. Cette fois-ci ce ne sera plus la peine de revenir, pour la cueillette en tout cas. Près de la bambouseraie, je parle à Fred de mon projet de faire un palis en bambou pour la vigne à Jean Tac. Il approuve en me disant qu'on peut couper les branches de bambou dans le sens de la longueur au "sabre", la machette, mais qu'il faut qu'on fasse le travail de découpe, ici, sur place pour plus de facilité dans le transport. J'ai déjà pris certaines mesures, il ne reste plus qu'à faire un plan relativement précis de ce que je souhaite.
Au retour, nous cueillons, à flanc de colline, dans un petit verger qui n'est plus entretenu les dernières goyaves de la saison. Je lui parle des sensitives que Ruben m'avait montrées la dernière fois. Il avait caressé deux petites branches aux feuilles allongées et très découpées et elles s'étaient refermées sur elles-mêmes au seul toucher de la main : touchant et charmant. Fred me montre les petites fleurs qui nous entourent. Les petites fleurs en pompons découpées que j'ai prises l'autre jour en photo sont les fleurs de cette plante. Je suis, décidément un fin observateur. J'apprendrai le lendemain qu'il s'agit d'une plante du genre mimosa : le mimosa pudica, du fait de sa particularité de se refermer sur lui-même au toucher. Rien à voir, ajoutera la personne érudite avec la petite liane du genre liseron qui orne la varangue des Jolicœur, qui donne une jolie fleur bleue largement ouverte et qui porte le nom très évocateur de clitoridia. De la pudicité à l'étalement de sa sexualité, tous les comportements sexuels botaniques se trouvent sous les tropiques. L'océan indien ne possède-t-il pas la seule île, l'île de Pralin, qui produise le coco fesse, aux formes très évocatrices ? De la vient l'expression "cucul la praline" ! Pauvre Monsieur le comte de Pralin ! Sans doute ne s'attendait-il pas à une telle célébrité en forme de sobriquet ! L'orthographe n'est pas garantie !
En revenant de vainqueur, nous réparons le "vermorel" d'Auguste qui fuit et qu'il ne peut plus mettre en pression pour traiter ces "zaricots" qui sont malades, dans l'île, cette année. Heureusement, il reste un petit collier de serrage neuf, mais sans tournevis ! Le couteau suisse que je transporte partout dans mes poches, ce qui frappe toujours les rodriguais, car ce n'est pas une pratique chez eux, va faire des merveilles. Nous repartons le "vermorel", qui vient du Brésil, qui coûte cher et qui casse trop facilement, ne fuit plus ! Les "zaricots" vont pouvoir recevoir leur dose de bouillie bordelaise me semble-t-il, mais je n'ai pas réussi à savoir le nom du produit, ici.
En repartant, ironiquement, madame Bégué me dit de faire attention aux chutes ! De leur carreau zaricots, ils m'ont vu faire une chute.
après-midi :
après-midi :
L'après-midi, je continue mes travaux de "fouille" du futur bassin à poissons. L'un après l'autre, les deux garçons David et Bertrand viendront me voir, discuter et donner un petit coup de main… ou plutôt quelques coups de "pioss". Mais ce sera Greg, leur petit cousin de six ans, qui fera le plus gros du boulot. Il est d'une force et d'une habilité surprenante, il manie avec la même ardeur, la "pioss", la pique et la pelle. Il a fallu m'adapter là encore. En région nantaise, ce que nous appelons tranche, se nomme "lapioss" à Rodrigues, notre pioche devient "lapic" ici et la pelle que l'on peut prendre est universelle quant à elle !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire