mercredi 9 juillet :
C'est ce matin que je fais ma première intervention auprès des adolescents du centre du Camp du Roi, pour jeunes en difficultés. J'y vais à pied en espérant que le bus passera, que je pourrai lui faire signe et monter. Cent mètres après le départ de la route, je passe devant chez une voisine Daniella. Elle attend le bus : son fils va à l'école et elle à son travail à Port Mathurin. Elle me dit bonjour et me demande où je vais. J'ai à peine le temps de répondre que survient une voiture de l'entreprise d'à côté. Elle fait un signe au chauffeur qui s'arrête et elle lui demande si je peux monter aussi. Nous voilà partis.
De Port Mathurin je fais le reste de la route à pied et j'arrive avant Antoinette qui était partie avant moi mais qui allait à la messe. Verlaine, la directrice, me dit que trois jeunes se sont inscrits pour cette première rencontre. C'est parfait pour que je puisse repartir à 10 heure 30 avec Antoinette qui vient faire un cour de math. Aujourd'hui c'est jour d'examens.
Le métier de psychologue m'a habitué à écouter beaucoup de problèmes sociaux, mais ici ils revêtent une signification particulière car, leur prise en charge est très limitée et n'est pas facilitée par l'éloignement de l'île. Comment suivre médicalement une personne malade mentale quand l'hôpital psychiatrique est à Maurice ? Comment voir l'un ou l'autre de ses parents quand ils sont séparés de 600 km par la mer et que le coût du voyage, Rodrigues Maurice, est l'un des plus élevés du monde au km parcouru ? Cocorico pour la France, ce serait le passage La Réunion Maurice qui serait le plus cher du monde ! Comment faire le deuil de parents trop tôt disparus quand il ne subsiste aucun souvenir matériel d'eux ? En fait, je constate que les plus grosses difficultés parentales que l'on me raconte sont le fait de parents rodriguais partis vivre, un certain temps, à Maurice et qui ont vécu là-bas parfois des situations extrêmes de crime de sang. Comment relater ici ces faits sans manquer au devoir de réserve ?
Le troisième jeune sortit de mon bureau, je m'installe pour prendre des notes de mes entretiens sur le petit carnet pense-bête qui ne me quite pas. Mais voilà qu'un quatrième se présente, je le reçois. Antoinette a finit son travail et me fait demander par Verlaine si je pars avec elle ou non. Elle part sans moi.
Le quatrième entretien finit, c'est un cinquième qui se présente : combien sont-ils à vouloir venir sans s'être inscrit ? Mais, pour moi, mes capacités d'attention ont entrepris de se faire la malle et je dois commencer à lutter pour contrer les premiers signes avants-coureurs des accès de narcolepsie. Elle aussi a la mauvaise habitude de s'installer sans y être invitée. Avant que le cinquième n'aie eu le temps d'indiquer que la place est libre, je sors avec lui et j'indique que je ne prends plus personne aujourd'hui. Il me semble pourtant que l'un d'eux pose ses outils dans le jardin et se prépare à venir. Il les reprend de suite.
Lors de mon séjour en 1998-1999, il y avait au moins deux psychologues mauriciennes à temps complet sur l'île et peut-être trois. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'une seule psychologue "du gouvernement", entendez de la "fonction publique" qui vient ici tous les trois mois pour une semaine de séjour environ ! Pour une île de presque 40 000 milles habitants, c'est notoirement insuffisant. Professionnellement, je me demande quel type d'interventions elle peut bien faire. Vous remarquerez que je ne mentionne que des femmes : la psychologie est une profession éminemment féminine. Tant pis pour nous, mon cher Alain !
après-midi :
Je vais continuer à dégager les tuyaux de la fontaine et à les remplacer. Demain ce devrait être fini si le temps le permet. Bertrand, après ses cours et une fois de plus, vient me voir pour discuter de la reconstruction et me demande, une fois de plus si la décision des moyens à mettre en œuvre a été prise avec son père.
Benoît, au moment où le soleil vient de prendre son gadin, en accéléré, dans le lagon, vient voir l'état d'avancement des travaux. Très rapidement, mais après une attente réfléchie de plusieurs jours, nous décidons, malgré les risques, mais en fonction des coûts des matériaux, de faire le travail en béton en augmentant les épaisseurs des parois et en veillant à éviter les erreurs de mise en œuvre que j'ai pu constater dans la pose des roches et dans le séchage du béton.
Lors de mon séjour en 1998-1999, il y avait au moins deux psychologues mauriciennes à temps complet sur l'île et peut-être trois. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'une seule psychologue "du gouvernement", entendez de la "fonction publique" qui vient ici tous les trois mois pour une semaine de séjour environ ! Pour une île de presque 40 000 milles habitants, c'est notoirement insuffisant. Professionnellement, je me demande quel type d'interventions elle peut bien faire. Vous remarquerez que je ne mentionne que des femmes : la psychologie est une profession éminemment féminine. Tant pis pour nous, mon cher Alain !
après-midi :
Je vais continuer à dégager les tuyaux de la fontaine et à les remplacer. Demain ce devrait être fini si le temps le permet. Bertrand, après ses cours et une fois de plus, vient me voir pour discuter de la reconstruction et me demande, une fois de plus si la décision des moyens à mettre en œuvre a été prise avec son père.
Benoît, au moment où le soleil vient de prendre son gadin, en accéléré, dans le lagon, vient voir l'état d'avancement des travaux. Très rapidement, mais après une attente réfléchie de plusieurs jours, nous décidons, malgré les risques, mais en fonction des coûts des matériaux, de faire le travail en béton en augmentant les épaisseurs des parois et en veillant à éviter les erreurs de mise en œuvre que j'ai pu constater dans la pose des roches et dans le séchage du béton.
La fontaine à mon arrivée début juin. phot0 prise par David avec l'appareil de Benoit.
Exit la solution la plus solide et de loin la plus onéreuse, de l'application de résine sur toutes les parties visibles d'où l'eau est capable de fuir. Mais, nous convenons aussi d'armer le bassin correctement pour qu'il ne puisse pas se fissurer.
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