mardi 17 juin 2008

peinture au centre paroissial de Grand Baie et promenade sur la nouvelle route vers Baladirou.

Dimanche 15 juin 2008 :

Ce matin Benoît me demande si je veux bien l'accompagner pour aller peindre le nouveau centre paroissial de Grand Baie, situé derrière l'église. Bien que devenu athée, rien ne m'empêche de participer à la vie de la communauté rodriguaise très fortement marquée par la pratique religieuse effective du catholicisme.

L'une des particularités de la vie mauricienne et encore plus de la vie rodriguaise, c'est le fait que l'identité personnelle est très liée à l'appartenance religieuse. Ce besoin d'identité est très marqué par le cosmopolitisme religieux à Maurice où, catholique, hindouiste, musulman, chinois pratiquent chacun leur religion. Je ne suis pas exhaustif dans mon énumération et cela est dû à la diversité de l'histoire du peuplement. La situation est très différente à Rodrigues où presque 95% de la population est catholique et pratique avec ferveur ; très souvent dans les conversations les rodriguais donnent un sens religieux à ce qu'ils font dans leur vie de tous les jours et le disent. La religiosité des premiers habitants connus de l'île, François Leguat et ses amis huguenots masculins, a-t-elle marquée de façon indélébile l'ambiance de cette île, eux qui pensaient réellement y trouver le paradis terrestre de la bible, mais qui n'y sont restés que 2 ans. "La femme est l'avenir de l'homme" a dit le poète et ils l'avaient oublié !

Les quelques pour cent restant de la population se partage entre différents groupes protestants, musulmans, chinois et hindous. Il n'est pas rare que dans une même famille, ses membres soient de communauté religieuse différente. La neutralité laïque de l'état d'esprit français est très loin mais, la tolérance est cependant très grande et c'est l'essentiel pour moi.

Nous voici donc à pied d'œuvre et nous sommes 4 à travailler. Il y a Alain que je ne connais pas et Georges, un frère d'Antoinette. Nous nous retrouvons avec plaisir. Nous avons déjà travaillé ensemble chez Benoît. Il faut noter que le travail de peinture est déjà commencé et est fait par des bénévoles ; bien sûr, tous ne sont pas peintres dans l'âme et cela se voit dans le travail déjà réalisé. En fin de matinée, le président de la fabrique, c'est-à-dire du groupe d'administrateur des finances de la paroisse, passe et ne tarit pas d'éloge sur le travail fait. Bien sûr, ici comme à l'île Maurice qui possède aussi un lieu nommé Grand Baie, nous avons droit à la blague classique. Selon l'endroit où l'on habite, fait-on partie des grands baiseurs ou des grands baisés ? Celui qui parle considère toujours que sa situation correspond à la première catégorie bien sûr !

Deux problèmes de construction se posent.

Le premier est le fait que le toit est une terrasse sans bordure et que la pluie tropicale va ruisseler le long des murs et abîmer les peintures à la longue. Le second est que, à l'endroit le plus exposé aux alizés la pluie pénètre par les ouvertures des fenêtres. Il faudrait fabriquer des auvents qui n'ont pas été prévus dans les plans. Benoît et Georges semblent compter sur mes qualités de bricoleurs pour résoudre le problème des auvents de façon simple. Pour la toiture ce sera un professionnel qui le fera. Encore du travail !

L'après-midi, je me fais prendre en photos par David dans tous les coins de la maison où j'ai l'habitude d'aller pour l'envoyer à Lucile et Ronan afin qu'ils puissent voir dans quel lieu je vis. Mais qu'est donc partie faire aussi loin ce grand-père voyageur ? Mes enfants, ma grande fille Karenn en particulier m'avaient déjà trouvé le nom de "papa courant d'air" !

la nouvelle route de Baladirou

Je rejoins ensuite Benoît et Antoinette déjà partis faire une promenade vers Grand Baie et la nouvelle route de Baladirou en chantier. Les machines creusent la roche et la falaise pour aménager une piste en terre qui soit praticable dans un premier temps. J'avais d'abord écrit carrossable, mais si le mot reste je vois mal les carrosses brinqueballant dans les trous et bosses des chemins rodriguais. L'enrobée viendra plus tard.

Sur le chemin (route est un mot qui ne fait pas partie du vocabulaire créole de Rodrigues), beaucoup de personnes se promènent et discutent des travaux en cours. Personne n'est contre cette route qui fera gagner beaucoup de temps aux habitants de cette région pour se rendre dans la capitale Port Mathurin. En chemin, nous rencontrons Jean-Pierre et son jeune fils qui rentrent chez eux. Nous nous sommes déjà rencontrés : lui est un professionnel du spectacle français qui est tombé sous le charme de Rodrigues et d'une rodriguaise et qui y est resté. Son fils a pêché quelques écrevisses qu'ils ont mangé crus : "un délice" dit Jean-Pierre qui en a mangé le plus grand nombre.

Après leur départ, nous continuons notre chemin, mais la nuit s'annonce et tombe vite sous les tropiques. Jean-Pierre est déjà loin devant nous. Regarde dit Antoinette, le globe du soleil qui tombe dans la mer. Une boule, qui colore d'orange et d'ocre les quelques nuages qui l'entourent, disparaît à l'horizon dans l'océan. L'obscurité s'installe rapidement et il fait noir quand nous arrivons "kot lacaze", à la maison. C'est cela aussi Rodrigues, de longues soirées à la lumière des lampes, car le soleil est un couche tôt. Moi qui suis plutôt couche tard en France, je suis obligé de m'adapter ici. Cliquez ici pour voir des photos de la mer et du lagon.

Durant le repas du soir Audrey parlera de la préparation de la fête de ses 18 ans. Ce sera pour le lundi 22 et il ne reste qu'une semaine. Cela la préoccupe-t-elle plus que les examens qu'elle doit passer le jour même ?

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