Par un heureux hasard, celui-là, en discutant avec Évelyne de ce que je peux enlever et de ce qu'il faut garder si possible dans mes bagages, je lui demande de vérifier sur les billets d'avion les poids autorisés. Malheur et catastrophe, ce n'est pas 25 mais 20 kilos seulement autorisés. Il faut dégraisser le mammouth ! Exit les grosses chaussures de marche qui m'ont emmené deux fois au sommet du Mont Blanc ! Exit les grosses socquettes qui vont avec ! Rodrigues se parcourt pieds nus comme l'ami Alain a l'habitude de la faire dans sa Chalosse. Exit la veste de faux broussard, pleine de poches qu'on n'arrive jamais à remplir toutes ! Exit deux tee-shirts drôles pour montrer aux copains ! Exit la torche ! C'est prendre le risque de se perdre encore de nuit dans les montages rodriguaises. Exit encore quelques autres affaires jugées inutiles, les 5 kilos superflus sont gagnés ou perdus. Dans quel sens irait une bonne pensée positive ?
Les deux bagages autorisés à mettre en cabine font plus de 12 kilos, mais j'essayerai de négocier cela à la pesée.
Départ par le train de Nantes Lille à 9 h 10. Arrêt au Mans pour raccrocher le train venant de Brest. Vers 12 H 00, arrivée à Roissy, aéroport Charles de Gaulle, terminal 2C, selon le billet délivré par l'agence. Tout va très bien, je peux donc attendre et observer tranquillement.
L'aéroport est à la fois calme et grouillant selon les heures, avant goût de l'Asie et de l'Océan Indien cosmopolite. Les gens déambulent en costume cravate impeccable, en jeans décontractés ou en tenue baba cool, comme ce jeune au gros sac indien multicolore et élimé qui lui sert de bagages. Les femmes voilées sont nombreuses près des embarquements des Émirats Arabes. Passe un couple de couleur, ni blanc, ni jaune, ni cuivré, ni rouge mais noir ébène. Ce qu'il faut prendre de précaution pour ne pas être qualifié de raciste ! Ils ont grands tous les deux et parlent de façon animée, mais ce qui me frappe surtout, c'est son pantalon. Fait de toile blanche légère, il est garni de grandes poches du haut de la ceinture jusqu'à la cheville et elles sont toutes pleines à craquer. Je n'avais pas pensé à cela pour résorber mon surpoids de bagages.
Je suis en avance. Mais voilà ! Cela ne pouvait pas durer ! Il fallait qu'il se passe quelque chose mais deux d'un coup, là je fais fort ! Je suis donc au terminal 2C que je parcours de longs en large de temps en temps pour essayer de repérer le comptoir d'embarquement pour l'île Maurice. Les écrans n'affichent pas encore l'heure de départ de mon avion à 16 h 20. Il est pourtant 14 h 45 mais l'affichage, régulièrement remis à jour, ne s'arrête qu'à 16 heures.
C'est alors que je vois une personne qui recherche son passeport pour pénétrer dans la zone d'embarquement. Et c'est le flash, pas de sommeil ; c'est un coup de gong dans mon cerveau. Je n'ai pas pensé à prendre mon passeport ce matin. Je l'ai préparé sur mon bureau depuis plus d'une semaine, j'ai vérifié sa validité, mais je suis sûr de ne pas l'avoir pris. Je vérifie dans mon sac et dans mon bagage de cabine. Il n'y est pas ! Hélas les miracles n'existent pas pour moi ! Les tuiles si ! Encore une illusion qui s'envole sans passeport !
Je téléphone à Évelyne, qui vient juste d'arriver pour aider notre fille et qui retourne aussitôt chez nous. Elle trouve bien le passeport où je crois l'avoir mis. Mais comment faire pour le faire parvenir ? Je vais me renseigner et elle aussi.
Je me dirige vers le point d'information, mais je me fais griller la place par un steward, qui porte son habit, frais sorti du pressing, sur un portemanteau. Il raconte son histoire de puces à l'hôtesse d'accueil. Pendant sa nuit à l'hôtel, il s'est fait dévoré le visage et le corps par les puces lors de son dernier voyage. Il en garde encore les traces de grattage. L'hospitalité n'est pas un vain mot, mais voyager reste encore dangereux : on peut se trouver confronté, même dans les hôtels, à toutes sortes de bêtes, inconnues, sauvages et dangereuses !
Arrive enfin mon tour, et je raconte ma mésaventure. En entendant simplement le nom de Maurice, l'hôtesse me répond de suite que ce n'est pas ici, mais au terminal F. Je lui montre mon billet, elle le trouve bizarrement fait, elle concède que c'est bien écrit terminal 2C, mais elle me confirme que c'est bien au terminal F que cela se passe et il faut que je me presse, l'embarquement est peut-être déjà terminé. Quant à mon passeport, elle se veut rassurante. Elle ne veut jurer de rien, mais elle pense qu'une attestation peut suffire. À voir !
Je cours avec mon chariot et mes bagages et arrive au 2F au bon comptoir d'embarquement qui est juste en train de fermer. Déjà une hôtesse téléphone pour indiquer qu'il y a encore un dernier passager à se présenter. Je pourrais partir mais le manque de passeport est rédhibitoire. Pas de passeport, pas de départ pour l'étranger : on ne me laisserait pas passer là-bas. Je tente bien d'indiquer que je connais le consul de France à Rodrigues et que je serai logé chez lui, mais c'est peine perdue, rien n'y fait. L'une des hôtesses, car il faut bien qu'elles soient deux pour s'occuper de mon cas, recherche si je suis bien inscrit sur ce vol avec les références de mon billet, mais elle ne trouve rien malgré plusieurs essais et en essayant différentes méthodes. Je ne serais même pas inscrit ! "Vous êtes sûr que c'est bien aujourd'hui ?"
L'autre hôtesse, qui me demande simplement mon nom de famille, trouve tout de suite ! Puis c'est le vol pour Rodrigues qui pose problème. De toute façon, elles s'occupent d'Air Mauritius et mon billet, par l'agence AFAT (ac'h afat, diraient les bretons !) est un billet Air France. Elles m'indiquent gentiment qu'il y a de la place pour le vol de demain et pour Rodrigues aussi.
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