dimanche 22 juin :
matin :
Le travail de chroniqueur est une vraie galère ! C'est en effet une gageure de vouloir dans le même temps, d'une part, vivre, travailler, se distraire, discuter, admirer, rêver, réfléchir, créer, ressentir des émotions, dormir, se réveiller et d'autre part les noter par écrit, dans un style qui ne soit pas celui des fameux SMS obligeant leurs lecteurs à un effort permanent de traduction et de compréhension. D'une certaine façon, faire l'un empêche de faire l'autre et lycée de Versailles disent les potaches.
Trois chiens sont venus rendre une visite inamicale aux poules et aux oies (lien) de la Ferme de Benoît et Antoinette. Il était déjà venu faire une pré visite quelques jours auparavant. C’est leur habitude ici, ils viennent, ils tuent, ils laissent leurs victimes sur place pour que la viande faisande et ils reviennent pour terminer leur festin. La première fois, en pleine nuit et dans un demi sommeil, j’avais bien entendu les canards faire du bruit, j’avais trouvé leur agitation bizarre et je m’étais rendormi comme sait le faire tout bon narco qui se demande trop souvent, s’il rêve, s’il fait une hallucination ou si c’est la réalité. Dans ce cas-là, pris entre demi sommeil et demi réveil, je m’étais totalement rendormi sans me poser de question. Je n’en avais d’ailleurs aucun souvenir au réveil et ce n’est que lorsque Antoinette m’a raconté l’histoire de la visite nocturne des chiens que le souvenir m’est revenu.
Cette nuit, c’est Inès, une cliente qui a l’habitude de protéger ses bêtes et est sensible aux bruits qu’elles font la nuit. Elle se partage entre la métropole, la Réunion et sa ferme de l’Equateur, et, dans la nuit, sans lumière et sans bâton, elle va aller pour leur faire face courageusement et les chasser.
Il serait, en effet, difficile de faire même un mini terrain de foot dans la ferme de la Résidence Foulsafat : tout y est en pente et parsemé de "gros la ross" et de "ti la ross". Comment faire pour se protéger ? Elle cherche un bâton mais n'en trouve pas. À son arrivée, deux des chiens prennent la fuite. Il y a des courageux partout. Il n'en reste qu'un qui, bien installé, dans la cage des poules effrayées, continue de jouer avec elles. La partie est déloyale entre ces animaux. Le seul arbitrage autoritaire d'Inès, qui lui colle un carton rouge, finit par mettre le mauvais joueur hors jeu et il prend la fuite lui aussi.
Pendant ce temps une autre cliente, réveillée elle aussi par le raffut fait par les bêtes affolées, avertit Benoît qui arrive sur les lieux. Pas plus que moi il n’a entendu le bruit.
matin :
Le travail de chroniqueur est une vraie galère ! C'est en effet une gageure de vouloir dans le même temps, d'une part, vivre, travailler, se distraire, discuter, admirer, rêver, réfléchir, créer, ressentir des émotions, dormir, se réveiller et d'autre part les noter par écrit, dans un style qui ne soit pas celui des fameux SMS obligeant leurs lecteurs à un effort permanent de traduction et de compréhension. D'une certaine façon, faire l'un empêche de faire l'autre et lycée de Versailles disent les potaches.
Trois chiens sont venus rendre une visite inamicale aux poules et aux oies (lien) de la Ferme de Benoît et Antoinette. Il était déjà venu faire une pré visite quelques jours auparavant. C’est leur habitude ici, ils viennent, ils tuent, ils laissent leurs victimes sur place pour que la viande faisande et ils reviennent pour terminer leur festin. La première fois, en pleine nuit et dans un demi sommeil, j’avais bien entendu les canards faire du bruit, j’avais trouvé leur agitation bizarre et je m’étais rendormi comme sait le faire tout bon narco qui se demande trop souvent, s’il rêve, s’il fait une hallucination ou si c’est la réalité. Dans ce cas-là, pris entre demi sommeil et demi réveil, je m’étais totalement rendormi sans me poser de question. Je n’en avais d’ailleurs aucun souvenir au réveil et ce n’est que lorsque Antoinette m’a raconté l’histoire de la visite nocturne des chiens que le souvenir m’est revenu.
Cette nuit, c’est Inès, une cliente qui a l’habitude de protéger ses bêtes et est sensible aux bruits qu’elles font la nuit. Elle se partage entre la métropole, la Réunion et sa ferme de l’Equateur, et, dans la nuit, sans lumière et sans bâton, elle va aller pour leur faire face courageusement et les chasser.
Il serait, en effet, difficile de faire même un mini terrain de foot dans la ferme de la Résidence Foulsafat : tout y est en pente et parsemé de "gros la ross" et de "ti la ross". Comment faire pour se protéger ? Elle cherche un bâton mais n'en trouve pas. À son arrivée, deux des chiens prennent la fuite. Il y a des courageux partout. Il n'en reste qu'un qui, bien installé, dans la cage des poules effrayées, continue de jouer avec elles. La partie est déloyale entre ces animaux. Le seul arbitrage autoritaire d'Inès, qui lui colle un carton rouge, finit par mettre le mauvais joueur hors jeu et il prend la fuite lui aussi.
Pendant ce temps une autre cliente, réveillée elle aussi par le raffut fait par les bêtes affolées, avertit Benoît qui arrive sur les lieux. Pas plus que moi il n’a entendu le bruit.
petit déjeuner sous la varangue
Chacun, au petit-déjeuner convivial va pouvoir commenter les aventures de la nuit. Les poules, dont aucune ne manque mais qui se trouvent plus ou moins estropiées, déclarent forfait pour un nouveau match de ce genre. Elles sont dans leur âges mures de joueuses professionnelles ; Fred, leur entraîneur patenté, va les sacrifier dès ce matin. Bien sûr, elles vont y perdre des plumes, mais c'est la vie ! Il faut savoir gagner ou perdre ! Elles vont se retrouver, nues et ficelées dans le fumoir et finiront dans nos assiettes.
Ce fut une nuit agitée, pour quelques uns, c'est maintenant un matin calme de l’océan indien. Je me mets devant l'ordinateur pour scanner et "nettoyer" les photos d'Audrey. Certains héros survivants, confrontés aux secondes qui précèdent la mort, racontent qu'ils ont vu défiler l'histoire de toute leur vie. Heureusement pour moi, c'est l'histoire d'Audrey que je vois se dérouler et que je transfère de la mémoire écornée, jaunie et fragile des photos à la mémoire instable, vive et numérique de l'ordinateur. Avec les années, j’ai perfectionné ma technique de retouche des photos. J’avais commencé à le faire, il y a plusieurs années pour une photo abîmée des 3 enfants Jolicœur. Devant la difficulté, j’avais abandonné. Je pense que je vais pouvoir reprendre cette photo que j’ai toujours sur mon ordinateur.
après-midi :
Ce "tantôt" je finis le nettoyage des photos pour le cadeau que ses frères ont eu l'idée de faire à Audrey. David a déjà commencé le montage qu'il veut faire : une photo d'Audrey, en pied, accompagnée, tout autour d'elle, de médaillons de son visage au cours du temps. Il pense bien l'avoir conservé hier soir, sur l'ordinateur, juste avant d'aller se coucher, mais voilà toutes les recherches sont vaines. Il ne sait plus dans quel répertoire il l'a mise et, rien n'y fait, il va falloir recommencer. Ce qui est un moindre mal, car la première photo d'Audrey qu'il avait choisie n'était pas très bonne ; elle n'avait que le mérite de laisser beaucoup de place autour d'elle. Il en trouve une bien meilleure et le photomontage sera réussi.
Pour le repas du soir, Antoinette me demande, aidé des deux garçons de sortir les rallonges de la grande table du salon/salle à manger. C'est une très belle table en bois noir construite à Rodrigues, mais, depuis plusieurs années, les deux plateaux, têtus et récalcitrants, se sont coincés et plus personne ne peut les faire sortir de leur logement. Chacun y va des ses hypothèses et de ses théories. Je suggère de démonter le plateau principal et Bertrand s'exécute aussitôt. Il ne tient que par quatre vis et l'une d'elle d'ailleurs ne tient pas et lui vient de suite dans les mains. Je pense d'abord qu'il sera obligatoire de poncer ou raboter ou râper les montants des rallonges ou les logements dans lesquels elles passent. Le bois me semble avoir un peu travaillé. Ce ne pourrait être fait que plus tard, car il n'y a, ici aucun instrument pour ce travail de menuiserie. L'idée me vient alors d'une vielle recette, aussi vieille que le savon de Marseille dont nous allons enduire toutes les parties en frottement et qui coincent. Je ne m'attendais pas à un tel résultat spectaculaire, les rallonges une fois remises à leur place, glissent parfaitement avec juste la résistance nécessaire pour qu'elles se maintiennent bien.
Vous qui vous mettez tranquillement les pieds sous la table pour le repas du soir, vous ignorez souvent, les trésors d'imagination que vos hôtes ont dû faire pour vous recevoir correctement, si nombreux !
Ce fut une nuit agitée, pour quelques uns, c'est maintenant un matin calme de l’océan indien. Je me mets devant l'ordinateur pour scanner et "nettoyer" les photos d'Audrey. Certains héros survivants, confrontés aux secondes qui précèdent la mort, racontent qu'ils ont vu défiler l'histoire de toute leur vie. Heureusement pour moi, c'est l'histoire d'Audrey que je vois se dérouler et que je transfère de la mémoire écornée, jaunie et fragile des photos à la mémoire instable, vive et numérique de l'ordinateur. Avec les années, j’ai perfectionné ma technique de retouche des photos. J’avais commencé à le faire, il y a plusieurs années pour une photo abîmée des 3 enfants Jolicœur. Devant la difficulté, j’avais abandonné. Je pense que je vais pouvoir reprendre cette photo que j’ai toujours sur mon ordinateur.
après-midi :
Ce "tantôt" je finis le nettoyage des photos pour le cadeau que ses frères ont eu l'idée de faire à Audrey. David a déjà commencé le montage qu'il veut faire : une photo d'Audrey, en pied, accompagnée, tout autour d'elle, de médaillons de son visage au cours du temps. Il pense bien l'avoir conservé hier soir, sur l'ordinateur, juste avant d'aller se coucher, mais voilà toutes les recherches sont vaines. Il ne sait plus dans quel répertoire il l'a mise et, rien n'y fait, il va falloir recommencer. Ce qui est un moindre mal, car la première photo d'Audrey qu'il avait choisie n'était pas très bonne ; elle n'avait que le mérite de laisser beaucoup de place autour d'elle. Il en trouve une bien meilleure et le photomontage sera réussi.
Pour le repas du soir, Antoinette me demande, aidé des deux garçons de sortir les rallonges de la grande table du salon/salle à manger. C'est une très belle table en bois noir construite à Rodrigues, mais, depuis plusieurs années, les deux plateaux, têtus et récalcitrants, se sont coincés et plus personne ne peut les faire sortir de leur logement. Chacun y va des ses hypothèses et de ses théories. Je suggère de démonter le plateau principal et Bertrand s'exécute aussitôt. Il ne tient que par quatre vis et l'une d'elle d'ailleurs ne tient pas et lui vient de suite dans les mains. Je pense d'abord qu'il sera obligatoire de poncer ou raboter ou râper les montants des rallonges ou les logements dans lesquels elles passent. Le bois me semble avoir un peu travaillé. Ce ne pourrait être fait que plus tard, car il n'y a, ici aucun instrument pour ce travail de menuiserie. L'idée me vient alors d'une vielle recette, aussi vieille que le savon de Marseille dont nous allons enduire toutes les parties en frottement et qui coincent. Je ne m'attendais pas à un tel résultat spectaculaire, les rallonges une fois remises à leur place, glissent parfaitement avec juste la résistance nécessaire pour qu'elles se maintiennent bien.
Vous qui vous mettez tranquillement les pieds sous la table pour le repas du soir, vous ignorez souvent, les trésors d'imagination que vos hôtes ont dû faire pour vous recevoir correctement, si nombreux !
1 commentaire:
Si tous les chiens du monde se mettent à tuer les poules...... quand allons-nous manger des oeufs???
(je ne parle pas de cari-poule (ne mangeant pas de viande..... héhé
Enregistrer un commentaire